La fin de l'innocence ...

Ce que les journées pouvaient être longues parfois … C’était le cas d’aujourd’hui … Assise devant la fenêtre de ma chambre, je regardais la neige qui tombait sans cesse depuis ce matin. J’aurais voulu qu’elle s’arrête au moins une heure pour que je puisse sortir un peu me détendre les jambes. Poussant un long soupir, je me levai pour aller m’allonger sur le lit. Les yeux fixés sur le plafond de ma chambre, j’avais posé mes deux mains sur mon ventre, comme pour être en contact avec ma fille.

Voilà plus de deux semaines que j’étais au courant et je n’avais encore rien dis à Tryan, ni même à ma famille. Mes parents et tout le clan savaient que je me trouvais avec Tryan vu que ce dernier avait échangé quelques lettres avec Maleficus mais ça s’arrêtait là. Ni le jeune Serpens, ni mes parents n’avaient voulu correspondre avec moi, comme si je n’étais plus la bienvenue dans la famille. J’avais un peu mal au cœur rien que d’y penser mais c’était peut-être aussi bien comme ça. Je ne voulais pas que mon enfant endure trop de regards méprisants et ici à part le français, il n’y avait personne pour la juger …

***


Je me réveillai quelques heures plus tard. Cette sieste imprévue, m’avait fait le plus grand bien, vu la fatigue que j’accumulais ces derniers temps entre les longues heures que je passais à la bibliothèque et ma grossesse qui commençait à être bien avancée. Me redressant doucement, je leva les yeux vers la fenêtre pour remarquer que la neige avait cessé de tomber pour laisser place à de timides rayons de soleil. Prenant le temps de me lever, j’attrapai ma cape et ma baguette avant de sortir de la chambre. Traversant le couloir, je rejoignis les escaliers pour ensuite me diriger vers la porte d’entrée. J’avais besoin de prendre l’air. Je n’avais aucune envie de travailler aujourd’hui mais je détestais aussi m’ennuyer.

Plongeant les mains dans mes poches, je commençai à traverser le parc. Quelques jours plus tôt j’avais remarqué des traces de pas, ou plutôt de pattes et j’avais envie de voir de quelle créature magique, ou non magique, il pouvait s’agir. J’avais bien une idée mais ça me permettait de m’aérer l’esprit et d’oublier un peu toutes ces leçons théoriques.

En m’approchant d’un petit bosquet, je remarquai de nouveau les traces. Ralentissant le pas, je regardais autour de moi, cherchant l’animal en question. Bientôt, je remarquai une créature dans les tons roux qui me regardait de son regard sombre. M’accroupissant doucement, je lui souris pour ne pas l’effrayer. L’animal finit par s’avancer doucement et sortir du buisson. C’était un jeune chat entièrement roux. Les poils mi-long, il était si adorable que je posai un genou à terre avant de tendre une main et de l’appeler doucement. Il me fallut de nombreuses minutes avant que l’animal n’accepte de s’approcher franchement pour que je le caresse. Mais quand ce fut fait, il se colla contre moi, appréciant visiblement les gratouilles que je lui faisais puisqu’il opta même pour un petit ronron de temps en temps.

Une dizaine de minutes plus tard, je me relevai pour revenir vers la demeure, sentant que le froid commençait à me faire frissonner. Pivotant sur mes talons, je m’éloignais mais garder quand même un regard sur l’animal. Je voulais voir sa réaction à mon départ. Elle fut rapide et me tira un sourire. Le petit félin venait de m’emboiter le pas, comme si c’était naturel pour lui de me suivre. Apparemment il m’avait adopté et c’était très bien, il allait pouvoir me tenir compagnie les jours où je m’ennuyais comme aujourd’hui.

Dis-moi, il va te falloir un nom !

Passant le seuil de la maison, je regardai l’animal qui attendait sagement à mes côtés que je ferme la porte. Retirant ma cape, je l’accrochai aux porte-manteaux avant de me diriger vers les cuisines.

Que dirais tu de … Karamel ?

Le chat me répondit par un miaulement qui me fit prendre ça pour un oui. Souriant doucement, j’entrai dans la cuisine espérant y trouver l’un des elfes de maison mais la pièce était vide. Tout aussi vide que l’était la maison depuis ce matin. Poussant un nouveau soupir, je sortis une petite tasse et la remplie de lait avant de la donner à mon nouveau compagnon. Le laissant boire tranquillement, j’en profitai pour piquer un petit biscuit que je croquai tout en déambulant dans la pièce. Je n’avais guère eu l’occasion de venir ici, Myna étant les trois quart du temps plus rapide à satisfaire mes besoins que moi à lui dire ce que je désirais.

Quand l’animal eut terminé, je ramassai la tasse et la posa dans l’évier avant de quitter la pièce. Traversant la salle à manger, je retournai dans le hall et m’arrêta quelques secondes pour réfléchir à ce que j’allais faire maintenant. Tryan ne devait pas rentrer avant quelques heures et j’ignorais où étaient les elfes. Posant mon regard sur le chat, je remarquai qu’il grattait à une porte que je n’avais jamais vue ouverte. Fronçant les sourcils je m’approchai de la porte en bois tout en réfléchissant aux propos de mon cousin. Avait-il dit quelque chose à son sujet à mon arrivée ? Je n’en avais pas le moindre souvenir …

Posant ma main sur la poignée, je marquai une légère hésitation avant d’ouvrir la porte. Un escalier sombre descendait juste derrière pour rejoindre une autre porte plus bas. Karamel s’était déjà engagé dans l’escalier, ne m’attendant pas. Refermant la porte, je me retrouvai dans le noir et utilisa donc ma baguette pour m’éclairer et ainsi ne pas louper de marche. Mon cœur s’était légèrement accéléré comme si je savais que je n’avais rien à faire ici et le bébé s’agita un peu, m’obligeant à poser ma main sur mon ventre pour le calmer.

Déverrouillant la deuxième porte, je regardai le chat se faufilait à l’intérieur et j’en fis de même dès que j’eue ouvert assez grand la porte pour passer à mon tour. Cette fois des torches s'allumèrent à mon entrée et je sursautai, me retenant de pousser un cri. Karamel n’était plus en vue mais je ne me faisais pas de soucis pour lui vu que les chats étaient réputés pour être curieux et débrouillards.

Descendant les dernières marches, je pris le temps de regarder la salle où je me trouvais. Un style ancien, des voûtes en pierre superbe, des sortes de tombes aussi en pierre … Le style parfait des catacombes qu’on retrouvait dans beaucoup de livres. M’avançant doucement, je remarquai des cercles bizarres vers le fond de la pièce et alors que je faisais encore un pas pour m’en approcher, j’observai des mouvements sur le côté droit.

Relevant ma baguette, je tournai la tête en direction du mouvement et resta tétanisée par ce que je voyais. Je n’avais vu ça que dans des livres mais je savais reconnaître quand même des inferis. Un autre mouvement dans le coin de l’œil me fit pivoter pour que je réalise qu’il y en avait partout autour de moi. Lançant un regard vers l’escalier de la sortie, je vis que le chemin était aussi barré par ces créatures. Resserrant ma prise sur ma baguette, je me sentais complètement impuissante, ne sachant pas le moindre du monde le sort que je pouvais utiliser contre ça. Reculant jusqu’à me retrouver contre l’une des tombes, je tentai un malheureux sortilège de repousse mais les inferis revenaient encore et toujours plus nombreux. Bientôt je pus sentir leur odeur et je frissonnai. Je ne voulais pas finir comme ça, non c’était impossible, il fallait que je trouve une solution et vite !

Non … Laissez-moi … A L’AIDE !!!!

C’était un cri désespéré. J’étais seule à la demeure, du moins je l’étais quand j’avais franchie la porte menant vers les catacombes mais peut-être que quelqu’un était là maintenant ? Oui mais avec les lourdes portes qui fermaient le chemin jusqu’ici, est-ce qu’il était seulement possible d’entendre un cri ? J’allais mourir seule, sans connaître mon enfant, sans … oh mon dieu … Je venais de réaliser qu’au lieu de protéger ce petit être, je venais de le mener à une mort certaine. Les mains des inféris se posèrent sur moi et alors que je me sentais faiblir et m’écrouler sur le sol, mes dernières pensées ne furent pas pour mes parents que je ne reverrais jamais, non, elles étaient pour Tryan qui avait eu la sympathie de m’héberger et que je n’avais pas su écouter …

***


Quand j’ouvris les yeux, la première question que je me posai, c’était « est-ce que j’étais morte ? ». Tournant doucement la tête, je reconnus ma chambre et je laissai fuser un soupir alors que des bruits de pas se firent entendre de l’autre côté du lit. Tournant la tête vers l’origine du son, je croisai le regard de Myna. Ouvrant la bouche pour parler, elle me fit signe de me taire avant de lancer.

Maître De SaintClair est arrivé juste à temps pour vous sauver …

Elle ne termina pas sa phrase et baissa la tête. Je n’eue pas besoin d’entendre la suite pour comprendre. Depuis mon réveil j’avais cette sensation qu’il me manquait quelque chose et le silence de l’elfe avait suffit à ce que je réalise que ce n’était pas juste une impression. Passant doucement la main sur mon ventre, je me mordis les lèvres alors que des larmes s’échappaient du coin de mes yeux pour s’écraser sur l’oreiller. Les sanglots s’amplifièrent alors qu’un cri sortit de ma bouche pour résonner dans tout le premier étage.

NNNooooonnnnnnnnn !!!!!!!