Emelyne Cécilia Selwyn

Encore une journée dans cette cellule ... A combien en étais-je ? J'avais perdu le compte ... Frissonnant, je me penchais et cherchais ma couverture qui avait glissé au sol pendant la nuit. Mettant enfin la main dessus, je l'attirais à moi et me recouvris en tentant d'écouter les bruits aux alentours. C'était silencieux comme d'habitude. Il faudrait que j'attende encore quelques heures avant qu'on vienne me chercher pour m'amener dans la salle où je passerais la journée à écouter mon père me parler de tout ce que je devais savoir sur ces sales sang-de-bourbes. N'ayant rien à faire en attendant, je me remémorais mon arrivée en ces lieux ...

C'était un matin de fin Août ... J'étais occupée à lire le courrier au manoir de Stephen quand deux hommes étaient apparus dans la pièces où je me trouvais. Je n'avais pas eu le temps de réagir que mon chien avait sauter à la gorge de l'un d'eux. Ce dernier avait réussi à le repousser et lui avait jeté un sort. J'entendis l'animal gémir avant que le silence ne se fasse. Me reculant contre le mur, une voix que je connaissais bien me stoppa net.

Je suis désolé Emy, mais je dois le faire ...
Stephen ?

Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre ce qui était en train de m'arriver. Mon compagnon, pour qui je commençais à avoir quelques doutes, l'avait compris et il avait pris les devants. Un violent combat s'en suivit avant que je ne mette fin à la vie du jeune homme. Ca avait été simple ... beaucoup trop simple à mon goût et j'avais eu raison quand je vis la famille au complet qui débarquait.

Emelyne ! Tu es devenue folle ou quoi !

Je n'eue pas le temps de m'expliquer qu'on m'immobilisa. Je clamais mon innocence et tentais d'expliquer ce que j'avais découvert mais on me fit taire d'un coup sur le crâne qui m'assomma pour plusieurs heures. Quand enfin je m'étais réveillée, j'étais enfermée dans cette pièce. Etre trahit par celui que l'on aime fait mal mais je n'étais pas encore au bout de mes surprises. Quelques minutes après mon réveil, on m'avait emmené dans une pièce beaucoup plus lumineuse où mon père m'attendait. Rien qu'en sentant son aura de magie, je compris que je n'étais pas prête de m'en sortir mais si je croyais souffrir de cette confrontation il n'en fut rien !

En quelques mots, il m'expliqua qu'il était au courant depuis un moment mais qu'il n'avait rien dit pour que je puisse lui donner la descendance qu'il voulait tant mais malheureusement le fait que je découvre tout avait fait foiré ses plans. Il me renvoya dans ma cellule sans que j'eue le temps de prononcé un mot. Je n'avais jamais vu mon père comme ça malgré tout ce temps. J'avais dix-neuf ans et je me retrouvais enfermée dans mon propre manoir familial. C'était un comble dont je n'ai d'ailleurs aucunement envie de vous parler !

Il me fallut plusieurs jours pour me remettre de cette nouvelle situation et alors que je commençais à m'habituer au fait que j'allais finir par mourir dans cette cellule, je tombais malade. Mon paternel fut obligé de faire appel à un médecin qui confirma le doute que j'avais depuis quelques temps. J'étais enceinte. Si mon doute m'avait apporter une certaine joie, la confirmation me fit peur. Qu'allais-je devenir et surtout qu'allait-il arrivé à cet enfant. Même si son père m'avait trahis, il avait le droit de vivre. Je décida de me plier au bien vouloir de mon père, espérant qu'il allait tenir compte de mon état. Que je sois enceinte ne le dérangeait pas le moindre du monde pour me garder enfermer dans cette cellule, du moins jusqu'à ce que ma mère vienne me sortir de là ...

Mon père venait tout juste de décéder d'une dragoncelle fulgurante. Je n'avais peut-être pas apprécier le châtiment qu'il m'avait fait subir mais j'éprouvais quand même de la tristesse à l'idée qu'il ne connaisse pas son petit-fils ... Elisant domicile auprès de ma mère, je tentais de l'aider du mieux que je pouvais, voyant bien qu'elle était dévastée par la mort de son compagnon. Cela faisait bien sept mois que j'étais là quand des contractions me prirent en pleine nuit. Serrant les dents, j'appelais de toutes mes forces, espérant que quelqu'un allait m'entendre mais ma mère prenait des somnifères toutes les nuits et il n'y avait personne dans cette aile du bâtiment. J'accoucha donc seule d'un petit garçon que je nomma Clovis.

Je passa le reste de la nuit à bercer le petit garçon, un sourire sur les lèvres. Stephen m'avait peut-être trahis mais il m'avait fait un superbe cadeau que ce petit garçon. Au matin, ma mère vint me rejoindre dans ma chambre, surprise de ne pas me voir. Elle s'installa à mes côté et me raconta ma propre naissance alors qu'elle était dans le magicobus. J'étais apparemment tellement pressée de venir qu'elle n'avait pas eu le temps d'arriver jusqu'à Sainte-Mangouste. Une naissance particulière pour une personne particulière, voilà ce qu'elle me dit avant que nous partions pour l'hôpital.

Ma mère reprit un peu goût à la vie, s'occupant de son petit fils alors que je venais de postuler pour une place au ministère. J'avais visé une place en tant que Langue de Plomb. Ce poste pour le moins mystérieux collait parfaitement à ma personnalité, du moins à celle que je m'étais forgée depuis la trahison de mon compagnon et mon enfermement dans une cellule. J'avais eu de quoi réfléchir pendant tout ce temps enfermée ...

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Quand on dit qu'une bonne nouvelle est toujours accompagnée d'une mauvaise, je n'y croyais pas, enfin jusqu'à il y a quelques jours ... Trois ans de formation c'est long pour certains mais moi je n'avais pas vu le temps passé, tellement j'appréciais ce métier. Dernier jour de formation et annonce des résultats ... Acceptée ... j'étais acceptée pour devenir Langue de plomb ! C'était donc la joie au coeur que je rentrais chez moi pour retrouver une maison en pleine crise. Clovis avant disparu lord de sa balade quotidienne avec sa grand-mère ... Elle ne l'avait quitté que quelques secondes des yeux mais cela avait suffit pour qu'il disparaisse. Mon coeur se brisa alors que je tentais de consoler ma mère qui s'en voulait beaucoup. J'avais beau lui dire que ce n'était pas sa faute, elle ne cessait de s'accuser. Je finis par me retirer dans le bureau pour envoyer quelques hiboux à des connaissances, essayant de mon côté de retrouver mon enfant. Ma mère disparut dans sa propre chambre avant que j'entende mon nom être prononcé de façon plutôt inquiétante. Sélena venait de mettre fin à ses jours de la façon la plus simple qui soit ... elle s'était envoyée elle-même un sortilège utilisant un miroir pour qu'il lui soit renvoyé. C'en était trop pour moi et je partis m'enfermer dans ma chambre pour pleurer tout mon saoul. C'était il y a une semaine tout juste ... Maintenant maman repose au cimetière au côté de papa et moi je cherche toujours Clovis, je sais qu'il est vivant et j'espère bien le retrouver un jour ...