Joyce Watson

Créée pour le forum Himitsu no kii

Après un réveil sur une île étrange, vous vous retrouvez dans une académie afin de contrôler vos pouvoirs naissants ...


Les « il était une fois », ce sont des contes que l’on raconte aux enfants le soir pour s’endormir mais je ne suis plus une enfant depuis bien longtemps et les contes de fée, je n’y crois pas. Certains diront que c’est beau de rêver et que nous avons besoin d’imagination pour vivre et devenir quelqu’un mais pour ma part, rien que la réalité a fait de moi ce que je suis. Une jeune fille discrète qui souhaite seulement faire ce qu’elle a à faire et qu’on ne vienne pas l’embêter. Mais aussi une jeune fille qui aimerait que sa sœur soit heureuse, que son père devienne un bon père et que sa mère soit là. Voilà pourquoi je me retrouve aujourd’hui, installée dans ce café avec un verre d’eau et toi sur la table, toi mon journal, toi mon confident, celui à qui je raconte tout parce que même si je suis très proche de Frédérique, il ne faut pas croire, j’ai moi aussi mes propres secrets.

Je ne sais par où commencer … Jamais je n’avais pensé à écrire mon histoire avant aujourd’hui et même encore, je me demande pourquoi je fais ça. Surement un besoin de me vider de toute cette tension qui m’habite, cette tension qui aura surement raison de moi un jour si je ne fais pas attention. Devrais-je commencer par le début ? Possible … Même si je doute que cette histoire soit lue un jour, toutes les histoires ont un début et la mienne ne fait pas exception.

Je m’appelle donc Joyce Watson, je suis née le 2 Février 1998 à Manhattan dans une famille des plus banales. Enfin … c’était le cas avant ma naissance mais ma venue au monde sembla changer la donne et ça commença par le décès de ma mère, celle qui m’avait portée pendant neuf mois et avait hâte de me rencontrer, s’en était allée à peine quelques minutes après que je pousse mon premier cri. Quel souvenir ais-je gardé d’elle ? Dans ma tête aucun bien sûr mais physiquement oui. C’est elle qui a choisi mon nom et j’ai hérité de son groupe sanguin si rare. Tout comme ma sœur d’ailleurs.

De ma petite enfance, je ne pourrais pas dire grand-chose. Jusqu’à mes quatre ans, je fus chouchouter par mon ainée et même si papa avait tendance à crier dès que nous faisons un peu trop de bruit, je ne comprenais pas la véritable raison qu’il y avait là-dessous. Ce n’est qu’après que j’ai compris, bien longtemps après …

La violence dont mon père usait sur Frédérique me faisait peur et même si je savais que mon ainée faisait tout pour me protéger, je n’aimais pas du tout qu’elle se prenne les coups à ma place. Son changement de comportement dans ces moments-là me laissait stupéfaite et même si j’en avais discuté avec elle, je savais que ce n’était pas normal mais à qui pouvions-nous en parler sans prendre de risque ? Personne … On se confiait l’une à l’autre mais personne d’autre ne savait ce qui se passait entre les murs de notre petit appartement.

A l’école, je me sentais un peu plus libre même si j’étais sur la défensive dès qu’on essayait de me faire parler de ma famille. Timide et discrète, j’appréhendais l’attitude de Frédérique en classe mais cette dernière ne faisait que sourire en me disant que tout se passait bien. Pour ma part, j’étais une élève des plus silencieuses et même si j’avais des facilités en cours, je n’en faisais guère plus que ce qu’on me demandait. C’est aussi pendant ces moments où j’avais du temps à moi que je me découvris une passion pour le dessin. Dès que mes devoirs étaient terminés et pendant que les autres s’acharnaient sur des exercices que j’avais finis en un tour de main, j’en profitais pour noircir de dessins de nombreux cahiers.

J’avais douze ans quand mon père s’introduisit dans ma chambre en pleine nuit. Je me suis réveillée en sursaut quand ce dernier repoussa vivement mes couvertures pour poser ses mains sur mon corps. Poussant un cri de peur et de surprise, je n’eue pas le temps de comprendre la suite que Frédérique s’était déjà jetée sur notre père avant qu’il ne l’emmène de force dans sa propre chambre. Me recroquevillant dans mon lit, je passai le reste de la nuit à pleurer et à maudire le jour de ma naissance. Si je n’étais pas venue au monde, rien de tout ça ne serait arrivé …

Je passerais sous silence les moments parfois difficiles où je me retrouvais face aux différentes personnalités de ma sœur. Même si je les gérais pas si mal que ça, l’une d’elle me mettait très mal à l’aise. Méchante et manipulatrice, elle profitait de mon entrée dans l’adolescence pour me pousser à m’interroger sur ma sexualité alors que je n’avais pas du tout envie d’y penser. Voir l’état de mon père depuis la mort de ma mère, me suffisait largement pour que je refuse toutes propositions.

Lorsque Frédérique atteint la majorité, elle vint me voir et m’expliqua son idée pour nous débarrasser de l’emprise de notre père. C’était risqué mais je voulais aider ma sœur afin qu’elle puisse avoir une vie un peu plus normale que ce qu’elle avait vécue jusqu’à présent par ma faute. Oui, même si je ne lui disais pas, j’estimais que tout ça était de ma faute. L’aidant donc dans son plan, notre père se retrouva bientôt derrière les barreaux et après de nombreux rendez-vous et dossiers à signer, Frédérique obtint la tutelle. Heureuse de l’avoir libérer, je me promis de faire mon maximum pour qu’elle soit fière de moi.

Me lançant donc à fond dans mes études, je décidai de m’orienter vers les arts appliqués, les professeurs disant de moi que j’étais très douée avec un crayon ou un pinceau à la main. Ma sœur paraissait heureuse à son travail et bien que certaines choses bizarres ne semblent pas vouloir la quitter, je me disais que le plus dur était derrière nous. Du moins, c’était ce que j’avais pensé jusqu’à ce fameux matin … aujourd’hui même … Où suis-je ? Où se trouve ma sœur ? J’ai peur … Un sentiment que je pensais avoir chassé en faisant emprisonner mon père et qui, pourtant, semblait revenir au triple galop.

Cher journal, je consigne tout ça parce que je ne sais pas ce qu’il va m’arriver. Je suis perdue et j’ai besoin d’aide. Je sais que ce n’est pas toi qui pourras m’aider mais en écrivant ainsi, j’espère retrouver un semblant de confiance en moi et me reprendre. Oui c’est ça, je vais me reprendre … Tout d’abord, il fait que je me renseigne d’où je suis et ensuite, j’essaierais de retrouver ma sœur. Oui c’est ça ! Maintenant je sais ce que je dois faire. Je t’abandonne un moment, je vais voir ce que je trouve et bientôt, j’ajouterais quelques lignes par ici, pour te faire part de mes découvertes. A bientôt …