Logan Declyan Selwyn

Créé pour le forum Poudnoir

L'élu a perdu et le monde magique est tombé entre les mains de Voldemort. Survivre devient un maitre-mot quand la magie devient une obligation.


Un sifflement strident, un bruit lancinant qui se fait de plus en plus faible pour finir par se perdre dans les rumeurs des quais. De la fumée noire, épaisse… Des bruits de grincements…Des bruits de frottements…Des soupirs irrités, des exclamations indignées, des bruits de chutes puis une voix qui s’élève, forte :

Vous ne pourriez pas faire attention non ?!

Une femme et son enfant qui s’excusent, l’échine courbée ; une expression mauvaise sur le visage de l’ «offensé», satisfait intérieurement d’avoir, pour une fois, le dessus sur quelqu’un. Des yeux embués de larmes sur le visage de l’enfant. Mais que représentent ces misérables gouttes d’eau? De la peine sur un visage qui, quelques minutes auparavant, rayonnait de joie. Tant de larmes versées et séchées pour la négociation de fruits et de poivre…

Et malgré l’absurdité de la scène, une ombre élancée passa à côté, visiblement indifférente aux troubles qui se passaient autour d’elle, poussant devant elle un lourd chariot ou trônaient des objets étranges, attirant ainsi le regard des badauds.

La femme, tentant vainement de consoler son enfant, s’éloigna non sans pester mentalement contre ce rustre qui lui avait fait pareille scène pour une cagette renversée par erreur. Ce qu’elle ne vit pas, c’était que le malotru poussait alors une exclamation de rage, voyant toutes ses marchandises répandues sur ce quai sale. Tout comme elle ne vit pas le mince sourire qui s’étira sur le visage de la silhouette tandis que celle-ci dissimulait un quelconque objet dans la doublure de son manteau…

En retirant la main de sa poche, un fin billet s’en échappa sans que la silhouette ne semble s’en rendre compte. Avant qu’un pied à la botte crasseuse ne s’abatte dessus, impitoyablement, une quelconque âme intéressée aurait pu y lire :

Logan Selwyn, Prison d’Azkaban.
Responsable Service Sécurité


Mais visiblement, personne ne semblait captivé par ces informations et la botte écrasa dans sa chute inéluctable, ce misérable bout de papier, le souillant de boue et d’autres saletés innommables…Personne, et surtout pas celui qui avait perdu ce précieux billet. Le distrait, puisque c’était bien un homme, continuait de marcher d’un pas rapide, visiblement débarrassé de ses bagages qu’il venait sans doute de miniaturiser, quelque peu lassé par cette surcharge.

Seul l’écho de ses pas parvenait à troubler le silence qui, semblait-il, régnait dans ces lieux depuis fort longtemps. De part et d’autre de la rue, des bâtiments délabrés s’élevaient, péniblement et parfois en vain, vers le ciel. De vieux caddies rouillés, abandonnés çà et là jonchaient les trottoirs, parfois dans une position décente, parfois complètement éventrés, leurs carcasses misérables attendant quelque salut qui ne viendra sans doute jamais.

L’ombre laissait ses yeux vagabonder çà et là. Son regard s’arrêta sur une silhouette, immobile, qui, éclairée par la lumière blafarde d’un réverbère luttant pour imposer son règne dans les ténèbres, paraissait presque fantomatique. Il demeura stupéfait un instant en entrevoyant dans le clair-obscur, la singulière personne qui semblait attendre dieu sait quoi. Le vieillard était aussi parfaitement immobile que peut l’être une figure de cire. Cette immobilité n’aurait peut-être pas été un sujet d’étonnement si elle n’avait pas complété le spectacle surnaturel que représentait l’ensemble du personnage. Le clochard était sec et maigre. Son front, totalement dégarni, ne faisait que ressortir ses yeux. Le visage pâle, livide et en lame de couteau semblait mort.

Cette vision provoqua un véritable sentiment de dégout chez l’ombre. Il était comme paralysé devant cet homme qui le regardait pourtant presque indifféremment, se chauffant les mains au dessus d’un baril où brûlait péniblement un faible feu. Reprenant brusquement conscience, il reprit son chemin, accélérant le pas pour s’en aller le plus vite possible de cette rue et surtout, de cette masse répugnante…

*ploc*

Dans son empressement, le jeune homme n’entendit pas ce bruit et disparut au bout de la ruelle crasseuse, disparaissant dans les ténèbres.
Le vieillard releva la tête à ce bruit et, baragouinant des paroles engluées de vin, il s’approcha en claudiquant de ce qui venait de tomber de la poche du jeune homme. La silhouette tremblante se baissa avec difficulté tandis qu’un vieux chat se frottait à sa jambe. Ecartant l’intrus en grommelant une phrase dont le sens n’était compréhensible que de lui, il se saisit de l'article de presse, puisque c’en était un et l’ouvrit.

 

Azkaban prend la poussière !

Aujourd'hui encore, une intervention banale pourrait-on penser, pour les exécuteurs. Un sacré coup de filet dans une maison de la campagne Londonnienne. Pas loin de douze bourbistes de tout âge ont été découverts. Le genre d'affaires qui arrive régulièrement en ce moment. Cette situation fut d'ailleurs réglée rapidement, on ne peut plus rapidement; et, cela n'aurait pas été un sujet d'étonnement, étant donné l'efficacité de ce service, si, à défaut de rapport convenable, les bourbistes en question étaient encore vivants. Le directeur du bureau des exécuteurs, Lincoln Crow, n'a pas désiré s'exprimer sur le sujet, arguant que cela n'était plus de leur ressort, ayant effectué leur tâche comme elle devait l'être.
Alors, à quoi peut bien servir Azkaban si les affaires sont réglées ainsi ? Et surtout que font les agents chargés de la sécurité de la prison s’ils n’ont pas de prisonniers …


Baragouinant des mots incompréhensibles, le clochard laissa retomber le dossier qui retomba lourdement sur l’animal qui poussa un miaulement indigné. De toute manière, cela faisait bien longtemps qu’il ne savait plus lire… Le matou, qui, visiblement ne semblait pas plus intéressé que le vieillard, fit ses griffes dessus tandis que son « maître » retournait à ses occupations.

L’homme réapparut à proximité d’un manoir dont il poussa la porte. Les lieux étaient vides et plutôt sombres. Seule la clarté du jour descendant illuminait le chemin qu’empruntait l’homme. Gravissant les escaliers pour parvenir à l’étage il s’engagea dans un couloir remplit de portraits. Sa famille … Tous ceux qui avaient existé avant lui, tous ceux qui étaient morts, étaient représentés ici. La liste était longue vu qu’il était le dernier représentant des Selwyn. Du moins le dernier jusqu’à ce que le petit Clovis soit retrouvé. Si ça arrivait un jour.

Pénétrant dans la pièce tout au fond du couloir, il fut accueilli par le doux crépitement du bois dans la cheminée. S’installant sur le fauteuil juste en face, il ferma les yeux pour se détendre. Une nouvelle journée de travail venait de s’achever et il appréciait le confort de sa demeure le soir venu, même s’il était seul.

Un pop sonore se fit entendre, annonçant l’arrivée de l’elfe de maison. Ce dernier attendait les ordres de son maitre visiblement mais ce dernier n’était pas encore décidé à parler. De longues minutes de silence s’en suivirent, seulement troublées par les craquements du bois. Enfin l’homme ouvrit les yeux et posa son regard noir sur le petit être qui se tenait courbé devant lui.

Des nouvelles ?
Non maître, toujours rien.

L’homme se leva et s’avança vers un petit meuble qu’il ouvrit, dévoilant un minibar. Se servant un verre, il en but une gorgée avant que son regard ne dérive vers la fenêtre. La guerre en Irlande faisait rage et sa nièce y avait été envoyée aux côtés de Valverde et deux autres gars. Il savait parfaitement que la guerre enlevait souvent du monde à pas mal de famille mais la sienne avait été tellement touchée qu’il espérait que la jeune femme revienne. Mais on n’était jamais sûr de rien …

Et mon père ?
Pas de changement maître, il refuse toujours de sortir.

Terminant le verre d’un seul coup, il le reposa sur le meuble avant de quitter la pièce d’un pas rapide. Il avait besoin de se défouler et il savait exactement où trouver de quoi se défouler. Sortant du manoir il transplana à proximité de la prison avant d’en franchir les limites. Si les hommes étaient surpris de le voir déjà revenir, ils n’en dirent rien, le saluant comme le voulait son grade.

L’homme ne s’arrêta pas là et fonça vers la salle des tortures après avoir dit quelques mots à l’un des gardiens. Une dizaine de minutes plus tard, un homme métis fut poussé violemment dans la salle où était déjà Logan. Alors que la porte était verrouillée derrière les deux hommes, un sourire sadique passa sur le visage du mangemort. Maintenant il allait pouvoir s’amuser …