Léa Shimaru

Créée pour le forum Lindorm

Quand l'union avec un dragon permet de devenir plus fort et d'ainsi pouvoir dominer les forces adverses, une académie devient nécessaire pour gérer ça ...


Dans un conte, l'histoire débute généralement par "Il était une fois". Ma vie n'est pas un conte de fée ou un simple conte, c'est une histoire bien banale. Je ne me vois pas vous déblatérer ma vie tranquillement en commençant par un petit "Il était une fois", comme  si ces mots pouvant avoir une quelconque significations pour moi. Bref, je ne vais pas m'éterniser sur ce petit détail, commençons plutôt ma présentation, c'est bien pour cela que vous êtes si attentif à mon discours. Non ?

Mon histoire ? Attendez un peu, je vais d'abord vous présentez quelques personnes et ensuite on parlera de mon histoire. De qui je vais parler ? De ma famille bien sûr.

Mon père : oui j'ai un père, enfin pourrait-on dire que c'est réellement mon père ? Bon il a planté une graine dans le jardin de ma mère puis je suis venue. A part cela, on ne peut pas dire que c'est vraiment mon père. Il passe son temps en mer pour apporter de quoi nourrir ma mère et moi. Mais je crois qu’en faite, il passe le plus clair de son temps sur un bateau parce que c’est là qu’il se sent vraiment chez lui et non à la maison avec nous. Toujours est-il que désormais il me manque … Même s’il n’était pas très présent, je savais que parfois, j’allais le voir alors que maintenant …

Ma mère : celle qui m'a porté dans son ventre pendant neuf mois, elle n'a jamais supporté sa grossesse cela avait le don de l'énerver, car son corps était tout déformé ensuite. Mais c'est le principe même de la reproduction et de donner une descendance à son époux. D'ailleurs ma mère m'a bien fait comprendre que moi aussi je serai mère plus tard. Ouais mais … j’avais encore le temps hein ! Pour le moment j’avais d’autres chose à penser comme déjà le fait que ma mère n’apprécie pas Gaëdre ... Elle me montre un peu plus d'affection que mon père mais c'est tellement rare. Je crois que la dernière fois qu'elle m'a souri chaleureusement, c'est en m'annonçant que je n’irais pas à l’académie. Personnellement, j'ai bien faillit m’énerver mais ça lui aurait fait trop plaisir. Du coup, je suis restée calme pour une fois …

Passons maintenant à ma présentation. Mon nom ? Shimaru, Léa Shimaru. Pas de deuxième prénom ou autre, ma mère était seule lors de ma naissance et n’avait que ce prénom en tête, le deuxième devant être choisi par mon père, mais il ne l’a jamais fait. Bref, mon père n’était donc pas présent quand je suis venue au monde. Il n’y avait que ma mère et la sage-femme. Je suis née alors que le soleil était haut dans le ciel et qu’un dragon bleuté tournoyait dans les airs. Nous reparlerons de lui plus tard …

J’ai grandit dans un petit village de pécheurs où tout le monde se connaissait et où il était difficile d’être tranquille sans que ma mère ne sache minute après minute où j’étais. Dans un sens c’était rassurant pour elle d’avoir autant de possibilités de surveillance mais pour la gamine espiègle et pleine de vie que j’étais, ça avait le don de m’irriter.

Je passais donc mon temps à éviter le village et partais le plus souvent dans les champs aux alentours voir même sur les rochers qui dominaient la mer et c’est là que je l’ai rencontré … Un dragon aux écailles blanches avec quelques reflets bleutés … Il était magnifique à se tenir là sur ce monticule. Il me regardait fixement mais ne bougeait pas. Moi j’en faisais de même … La gamine pleine de vie que j’étais, s’était d’un seul coup trouvé toute intimidée face à cette créature des plus imposantes. Je ne sais pas combien de temps exactement je suis restée face à lui mais je ne l’ai pas quitté des yeux, jusqu’à ce qu’il s’envole dans le ciel et ne devienne qu’un point sur l’horizon. J’avais à peine dix ans et pourtant je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Surtout que ce jour ne fut pas seulement celui de ma première rencontre avec Gaëdre mais aussi celui de la mort de mon père. …

La tête remplie des images du dragon, je revenais donc vers la maison, sans vraiment faire gaffe à ce qui se passait autour de moi. Ce n’est qu’en voyant le sac de mon père sur le seuil, que je repris pied dans la réalité, me mettant à courir un sourire aux lèvres. Mon père n’était peut-être pas l’homme le plus démonstratif mais il ne me refusait pas un câlin quand il rentrait de ces voyages. Poussant donc la porte de la maison, j’entrai rapidement et le chercha du regard mais il n’y avait là qu’un homme que je ne connaissais pas et ma mère. Ma mère en larmes … ma mère effondrée sur une chaise, la tête dans ses mains … C’est là que je compris. Reculant lentement vers la porte, je butta contre le montant alors que ma mère m’appelait mais je n’écoutais pas, j’étais déjà loin, courant droit devant moi sans vraiment voir où j’allais.

Grimpant sur la colline, je me retrouvai bientôt là où j’avais vu le dragon mais évidement il n’était pas là, je l’avais vu partir tout à l’heure et je doutais qu’il revienne de si tôt. M’effondrant  à quatre pattes, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Pour moi, ma vie venait de se stopper. Ok mon père n’était pas très présent mais il était une figure importante de ma vie. Quand je travaillais à l’école, c’était pour qu’il soit fier, quand il revenait je me montrais sage et souriante, cachant mon air rebelle pour qu’il n’ait rien à me reprocher mais tout ça c’était fini …

Me relevant, j’essuyai mes yeux d’un revers de ma manche avant de repartir en courant le long de la falaise. Combien de fois l’avais-je fait, consciente du danger mais aussi curieuse de voir mes limites. Je savais que tout faux pas risquait de me précipiter vers le bas de la falaise mais en ce jour, je m’en foutais royalement. Ce fut d’ailleurs ce sentiment de vide et de fin du monde qui m’empêchèrent de voir la pierre juste devant moi. Ca ou bien les larmes qui coulaient toujours le long de mes joues …

La suite ? Je m’en rappelais difficilement, je savais que j’étais tombée et que ma chute avait été longue, je savais que le choc avec l’eau m’avait étourdie un instant avant que je ne réalise où j’étais. C’était froid, c’était sombre et j’avais peur … Malgré que mon père soit marin, je n’avais jamais appris à nager et je ne m’approchais jamais de l’eau, ma mère me trouvant trop jeune pour m’enseigner la nage. Je me demandais déjà comment j’allais revenir au bord et si j’allais m’en sortir ou rejoindre mon père dans l’au-delà. Et ce fut à ce moment là qu’il revint …

Alors que je sombrais petit à petit dans l’inconscience, mes poumons semblant sur le point d’exploser, et que je criai mentalement mon désespoir à défaut de pouvoir le crier à haute voix, une forme sombre se découpa bientôt sous moi et me propulsa à la surface. M’accrochant là où je pouvais, je rencontra les écailles rugueuses du dragon que j’avais vu plus tôt. Fermant les yeux alors qu’il sortait de l’eau et s’envolait dans le ciel bleu, je sentais mon cœur battre à tout rompre.

L’animal se posa sur la falaise, là où on s’était rencontré et se pencha pour me permettre de descendre. Me laissant glisser au sol, je m’écroulai sur les genoux, toussant et crachant l’eau que j’avais avalée lors de mon passage dans l’étendue bleue.

Il ne sert à rien de pleurer ainsi et de prendre des risques. Ca ne le fera pas revenir, petite …

Je levai les yeux surprise d’entendre le dragon qui s’adressait à moi. Bouche bée, je le fixais sans prononcer un mot cherchant à comprendre pourquoi il ne l’avait pas fait plutôt et pourquoi il le faisait maintenant.

Tu n’étais pas prête, et je le pense encore maintenant mais tu as besoin de moi.

Me levant doucement, je fis ce que ni lui, ni moi ne s’attendait, je le pris par le cou et appuya ma tête contre lui pour pleurer. Le dragon ne bougea pas jusqu’à ce que mes larmes se tarissent et que mes sanglots ne soient plus que des souvenirs. Le lâchant enfin, je me reculai et m’excusa de mon comportement avant qu’il me conseille de rentrer chez moi. Hochant la tête, je lui obéis et retrouva ma mère qui s’inquiétait de mon départ précipité. Taisant ma rencontre d’avec le dragon, je ne fis que hausser les épaules quand elle vit mes habits mouillés, préférant la serrer dans mes bras pour le moment.

La vie continua par la suite comme si de rien était … Ma mère ne voyait aucune différence pourtant il y en avait une … Quand je partais courir dans les champs, c’était pour rejoindre Gaëdre sur la falaise et discuter avec lui. Il était sage et avait des connaissances que je n’avais pas. A son contact, je me sentais bien et je n’avais plus l’envie de faire ma folle enfin … Ca dépendait des moments … C’est Gaëdre qui m’appris à nager … ne voulant pas que je risque encore ma vie en cas de chute, il m’emmena dans une petite crique accessible seulement en bateau ou à dos de dragon, il m’enseigna les rudiments de la nage. Il ne me fallut pas longtemps pour aimer ça et ainsi me permettre de plonger dans des eaux de plus en plus profondes. Après j’étais une casse-cou et il arrivait souvent que le dragon soupire devant mes plongeons depuis des rochers plus ou moins haut.

J’avais quinze ans quand ma mère m’empêcha de sortir un beau matin où je m’apprêtais à rejoindre Gaëdre. Ne comprenant pas pourquoi elle voulait que je reste à la maison, je fis tout ce qu’elle me demandait, espérant ensuite pouvoir partir mais cette dernière trouvait toujours autre chose. Je finis par lui demander la raison de tout ce travail et elle finit par me dire qu’elle était au courant pour le dragon et moi. Il fallait dire que nous n’étions pas forcément discret quand l’envie nous prenait de voler au dessus du village ou quand il m’emmenait en face du port et que je plongeais depuis son dos. Je ne m’en cachais pas parce que je me sentais enfin vivre quand j’étais à ses côtés.

Donc pour résumer, ma mère trouvait que je passais trop de temps avec le dragon et pas assez avec mes amies. Là je ne la comprenais plus … A chaque fois que j’étais avec le groupe de jeunes de mon âge, elle se faisait du mouron parce que je faisais bêtises sur bêtises alors qu’avec Gaëdre, j’apprenais justement à contrôler mon caractère et à devenir plus discipliner … Lui lançant tout ça, je finis par sortir en claquant la porte, rejoignant le dragon pour tout lui raconter. Il me sembla qu’il souriait en m’écoutant avant de me lancer que ma mère m’aimait simplement et qu’elle avait peur pour moi. Je ne comprenais pas et mon compagnon m’annonça que je le saurais bientôt …

Le jour de mon seizième anniversaire, ce fut les cris de ma mère qui me tirèrent de mon sommeil. Encore toute endormie et en pyjama, je rejoignis la salle de vie pour y trouver ma mère, plantée devant la porte grande ouverte. Lui demandant ce qu’il se passait, elle s’écarta pour me laisser voir et je restai muette. Gaëdre était là, posé juste devant la maison et semblait attendre quelque chose. Sortant pieds nus, je m’avançai vers lui en silence, comprenant que le moment devait être important.

Bon anniversaire petite. Tu as désormais l’âge et malgré ta tendance à n’en faire qu’à ta tête, j’aimerais que nous tentions l’alliance au moins une fois.

Sur le moment je fronçai les yeux, ne comprenant pas de quoi il me parlait puis enfin la lumière se fit dans ma tête et je me souvins qu’il m’en avait déjà parlé plusieurs fois pendant nos séances de nage intense. Un grand sourire vint éclairer mon visage alors que je me jetais à son cou, riant et pleurant à la fois. Je savais très bien que l’alliance était une épreuve très difficile mais avec Gaëdre, je me sentais capable de supporter n’importe quoi.

Les jours suivants furent réservés à notre préparation. Ma mère n’était pas d’accord pour que je participe mais elle avait vu mon air déterminé et avait répliqué que je ressemblais trop à mon père. Qu’elle parle de lui dans un tel moment me donna un coup au cœur mais me motiva aussi à montrer de quoi j’étais capable. La Léa active et dissipée que j’étais quasiment tout le temps, cette Léa n’existait pas quand j’étais concentrée et aux côtés de Gaëdre. Ma mère qui avait eu l’occasion de voir un de mes derniers entrainements avait été complètement abasourdie et avait répliqué qu’elle avait l’impression qu’il y avait deux Léa. Pour moi c’était positif, la preuve que je savais faire la différence selon la situation où je me trouvais …

 

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Tiens bon petite, on y est presque !

Serrant les poings, je hochais la tête vivement, grimaçant à la vue de mon bras ensanglanté. La douleur était vive mais je serrais les dents pour ne pas tourner de l’œil. L’attaque de ces bestioles nous avait surpris tous les deux alors que nous arrivions au bout de l’épreuve, une épreuve qui avait eu la chance de se passer sur un terrain plutôt connu puisque nous étions dans notre propre nation. Levant les yeux vers Gaëdre, je le vis qui boitait, peinant aussi à marcher mais nous n’étions pas loin du lac et ensuite on allait pouvoir nettoyer nos blessures.

Nettoyant la plaie du dragon, je repoussai ses exclamations qui me disaient de m’occuper d’abord de moi. Non, sans Gaëdre je n’étais rien alors il passait en priorité. Une fois que ce fut terminé pour lui, je m’occupai de moi avant de m’asseoir à ses côtés en souriant. Bientôt l’épreuve serait terminée, et bientôt nous deviendrons officiellement des élèves de l’académie. Mon père serait si fier de ce que j’étais devenue que je lui dédiai cette victoire …