Stan Rocade Junior

On dit que les Moldus sont tous tombés du berceau ou qu'ils n'ont pas les yeux en face des trous. Pour Stan Junior, on dit simplement que son cerveau a été perdu dans le placenta. Bien sûr cela est impossible : le placenta n'entre jamais en contact avec le cerveau !!! Et pourtant, des guérisseurs spécialisés dans les névroses se sont penchés sur le problème en tirant tous la même conclusion : "Stan Jr est, à l'image de son défunt père, un patient exceptionnel qui ne doit pas avoir plus de jugeote qu'un Moldu de base." Le constat pourrait être accablant mais Stan Junior se doutait déjà de cela. Il faut dire que son père a laissé une trace indélébile dans l'Histoire et dans les gênes de son fils. C'est ainsi que le gamin naïf est poussé à suivre un chemin similaire à celui emprunté par son père autrefois. Ainsi donc la chasse aux femmes recommencerait, le Magicobus renaîtrait de ses cendres et les sépultures de son père et d'Ernie Danlmur seraient à nouveau recouverte de gerbes de fleurs.

Il est drôle de voir les espoirs naïfs que la mère avait : elle espérait en secret ne pas faire du fils un raté comme son père qui lui espérait que le fils ne ressemble pas à ladite mère. Espoirs vains ! Stan Junior est le portrait craché de son père. Il hérita donc de ces boutons formant une véritable chaîne de cratère susceptible d'exploser à chaque instant, de ces oreilles en forme de choux et ces yeux aux allures stupéfaites. Notons aussi cette bouche particulièrement tremblotante de laquelle émane une odeur prononcée d'ail (suffisante pour tuer un cheval, apparemment).

Côté mental, les conclusions tirées par les guérisseurs résument plutôt bien l'état dans lequel se trouve Stan Junior Toutefois, il se peut aussi que le personnel de Ste Mangouste est été abusé par le caractère très spécial de Stan Père qui consiste, la plupart du temps, à se trouver dans un monde parallèle et à gaffer à longueur de temps. Caractère qui correspond d'ailleurs à celui de son père, ou d'une fillette surexcitée à laquelle on annonce le système de reproduction humain (sans les grimaces dégoutées des jeunes filles déconfites, bien sûr, mais avec l'état d'excitation des adolescents en pleine puberté).

L'enfance de Stan Rocade Junior fut déplorable. D'ailleurs, il en subit encore aujourd'hui les séquelles, comme la peur des abeilles et de la soupe de tomates par exemple. Pour comprendre cela, il faut remonter aux méandres de la mémoire simple de Stan Junior.

En effet, Stan Junior a eu peur de la soupe à la tomate à cause... de son père. Le joyeux fanfaron ayant jugé utile de claironner qu'il mourait dans son bol de soupe. L'enfant, terrorisé, écoutait ces propos tout en cherchant des trésors d'un air rêveur dans son nez... Autant dire de suite que le trésor trouvé était de taille et qu'il se soldait par un enterrement, celui de son père qui, le soir même, mourut dans des circonstances sombres. Cette drôle de mort aura alors pour conséquences la phobie de la soupe à la tomate (et non pas la fouille archéologique des fosses nasales)...

Depuis ce jour tragique, pour les tomates et les Rocade, un seul des parents assumait le bonheur parental devant lequel le père avait préféré se suicider. Il faut avouer que même dans l'au delà, Mr Rocade pleurait de désarroi lorsqu'il voyait son fils...

Le seul sourire qu'il ait eu au paradis est daté du jour où le jeune Stan Junior recevait sa lettre pour Poudlard. Il était très heureux de son admission car sa pire crainte avait été que Stan soit un cracmol, comme il avait cru l'être des années plus tôt. Ce qui, honnêtement, n'était pas passé loin...

C'est donc le cœur plein de bonheur que Stan Junior découvrit Poudlard et les joies du bizutage. Le pire de tous était sans doute la crème anti-boutons miracle proposée par Emmy Petshoup et qui lui valut un aller direct à Ste Mangouste sans retour avant plusieurs jours. Mais le point fort de cette expérience c'est qu'il appris que les lits de Ste Mangouste était fait de plume et non pas de jaune d'œuf, comme le croyait Stan Junior. A son retour, le premier surnom qu'il eu jamais lui fut donné : "Le crapaud". Ils frappèrent fort ! Stan adorait ce surnom, en était fier et se plaisait à entendre camarades et professeurs l'appeler de la sorte, d'une manière presque involontaire. Que son bonheur était parfait !

Et pourtant, un jour une bécasse de demoiselle avait tenté de lui gâcher son bonheur ! La pauvre n'avait rien comprit à la vie : elle était venu lui annoncer, d'une voix grave, que le crapaud était boutonneux, comme lui et que le surnom qui lui avait été donné avait un but malfaisant, péjoratif et cruel. Stan Junior riait aux éclats et balaya cette rumeur d'une main poilue : il savait entièrement que ce surnom n'avait rien à voir avec ça, et dégagea donc la jeune élève à coups de livre.

Après cet épisode tragique pour ce qui présenta plus tard comme étant la seule adoratrice que Stan Junior n'ait jamais eu, le monde entier surnommait Stan "Le Crapaud". Ses passages dans les couloirs provoquaient éclats de rire et moqueries. Il en était encore plus heureux. Le monde rigolait maintenant dès qu'on le voyait ! Il était LE roi de l'humour à Poudlard ! Enfin il connaissait le succès !!!

Les illusions de Stan Junior continuèrent ainsi longtemps, jusqu'à sa septième année. Là, il se rendit compte que l'on ne rigolait pas avec lui, mais sur lui. Deuxième séjour à Ste Mangouste. A la différence que, cette fois, le service n'était pas le même. Ce n'est qu'un mois plus tard que Stan Junior sortit de Ste Mangouste en parfaite santé physique, mais surtout mentale. Il demeurait toutefois autant naïf (et débile) mais avait fait une rencontre qui avait changé sa vie : Alfred Dagobert. L'homme lui avait offert un métier, alors qu'il se baladait en sautillant dans les couloirs du grand hôpital. En effet, ce vieil homme disait avoir connu Stan Rocade Père et semblait avoir été frappé par la ressemblance de l'enfant par rapport au père. Aussi l'avait-il arrêté et lui proposait de lui offrir une carcasse qui trainait depuis moult temps dans son jardin : celle du Magicobus. Stan Junior se voyait déjà, à l'image de son père, contrôleur du Magicobus. Aussi fut-il conclut que Mr Dagobert remettrait en état la machine, qu'il la conduirait et que lui, Stan Rocade Junior, assurait les contrôles et la vente des billets.

C'est donc la tête pleine de projet que Stan alla rejoindre Mr Dagobert et qu'il devint le contrôleur du Magicobus. Les débuts furent assez catastrophiques car le vieux annonça tristement à Stan qu'il n'avait pas assez d'humour à son goût. Il le prit donc une fois de plus sous son aile de papa poule et lui appris l'humour grinçant auquel il était adepte. Le résultat était ... marquant. Jamais la mère de Stan ne s'en remit car elle rendit son dernier souffle le mois suivant cette transformation fulgurante et surprenante. Heureusement pour Stan, sa mère n'était pas morte par sa faute mais par vieillesse (du moins, c'est ce qu'il se plaît à dire).

Complètement libre, l'esprit engourdi par le froid, Stan Junior fit des achats multiples avec l'héritage de sa mère fraichement morte. Hélas, un gobelin vint rapidement toquer à la porte de sa maison pour réclamer son dût. Ainsi commença la longue descente aux enfers de Stan Junior qui passa du statut de bourgeois au statut de pauvre sorcier fraîchement débarqué dans la vie autonome.

Voilà que Mr Dagobert vola une fois de plus à son secours en lui proposant un logement. En fait, il appartenait à un voisin qui, pour le moment, était parti en vacances. Stan Junior pouvait donc en profiter sans aucune gêne, ou presque. Car déjà le fameux voisin était de retour avec la ferme intention de retrouver sa maison et son lit douillet dans lequel Stan dormait de façon... dénudée. C'est donc nu comme un ver que Stan fut chassé de ce lit, échappant de peu à la perte de ses parties génitales par un coup de pied.

Il était donc là, dans la rue, complètement nu et victime des regards de vieux grabataires dont les gloussements restaient encore aujourd'hui mystérieux quant à leurs natures. Puis, dans un élan de générosité, le voisin ouvrit une fenêtre et lança le caleçon crasseux de Stan par la fenêtre. C'est donc en caleçon que Stan Junior alla trouver Dagobert pour qu'il lui sauve la mise, une fois de plus...

Rebondir sur ces événements fut difficile mais le gamin y arriva. En fait, il devait cette remontée financière au Magicobus dans lequel il travaillait encore et dont il était fier. Son engouement ne se calmera jamais, hélas. C'est donc la bourse conséquemment remplie que Stan revenait chaque soir au Burdyburg Appartments, déposé par le Magicobus, sous les yeux déformés de Dagobert et les visages violacés des clients qui juraient un à un de ne plus reprendre ce si merveilleux moyen de transport qu'est le Magicobus.

Sa vie ressemble aujourd'hui à un long fleuve tranquille. Fleuve qui s'arrête aujourd'hui en face de vous, permettant de voir Stan Junior tel qu'il est aujourd'hui : un idiot comblé et rayonnant de bonheur qui n'attends qu'une chose, contrôler votre billet.