Taran Eruvadhor

Créé pour le forum Dol Baran

Quand la magie et les dieux s'en mêlent, la population doit s'adapter à une vie nouvelle ...

A l’origine il n’y avait que le vide … Ainsi commence toute histoire puisque nous venons tous du néant. Mais si je commence par cette phrase ce n’est pas pour parler de la vie de tout le monde, quoiqu’elles soient liées, mais pour vous parler de la mienne. En principe je ne suis pas loquace mais après tout ce n’est qu’un journal … le journal de bord du capitaine de La Méduse …

Je m’appelle Taran Eruvadhor. Du moins c’est ainsi que les gens me connaissent désormais. Mais mon véritable nom est Perevan, surnommé aussi le roc à cause de mon pouvoir. Je vous vois d’ici en train de hausser un sourcil. Oui, vous avez bien compris, je suis un fils des dieux, un Daranéïs.

A l’origine nous étions vingt, vingt larmes d’Ardar … Nés pour pouvoir profiter de la beauté des lieux que notre père et ses frères et sœurs venaient de créer. Nous en profitions d’ailleurs, voyageant ensemble ou séparément, nous passâmes beaucoup de temps sur les routes à apprendre. Oui parce que tout ce que nous savons, nous l’avons appris par nous même. Et je peux vous dire que l’apprentissage fut long et douloureux mais très efficace.

J’ai toujours été solitaire … Est-ce que c’est ainsi que mon père voulait que je sois ? Surement puisque aucun de nous n’avait le même caractère. C’était ce qui faisait notre force, du moins pour un temps. Nous étions liés mais avec des envies toutes différentes. Chacun d’entre nous trouva un endroit où il était bien, à la limite d’éviter ses frères. Peut-être était-ce pour nous faire oublier ou surement pour nous fondre dans la masse pour vivre comme les humains, ces êtres sans pouvoirs et avec une intelligence limitée vu ce qu’ils firent de ce beau monde qu’on leur avait offert. Ils mirent la terre à feu et à sang … A force de guerres, de combats et de trahisons, un mal encore plus grand nous envahissait sous la forme d’un Ilyndreïs prénommé Valkar …

De cette immense civilisation remplie de haine et de convoitise, il ne resta rien ou presque, ni la culture de tout un peuple, ni les richesses de la noblesse, ni les technologies des scientifiques, rien. Nous étions revenus au début de la vie encore qu’aux origines nous n’étions que vingt … Des cendres et des écritures incomplètes qui avaient survécu à cette guerre, naquît une nouvelle civilisation. Une civilisation gouvernée par Valkar lui-même … Ardar, notre père, avait été affaiblit lors de sa première confrontation avec son frère mais nous nous doutions qu’il reviendrait. Comme d’un seul homme, nous nous sommes retrouvés en une nuit de lune pleine. Mais nous n’étions pas seuls … Valans et Altaris étaient aussi à nos côtés pour défendre les terres d’Argosth.

La Guerre Sombre fut longue et violente … Beaucoup d’hommes et de femmes tombèrent, même certains de mes frères d'armes ne se relevèrent pas alors que notre force était plus grande que la plupart des combattants. Nous n’eurent pas le temps de les pleurer, trop occupés à repousser les assaillants. Bientôt Ardar nous ordonna à tous de nous disperser et de nous fondre dans la masse. C’est à ce moment là que je pris le nom de Taran …

Comme je vous l’ai déjà dis plus haut, j’aime la solitude et le calme, surement pour cela que je me dirigeai vers les côtes pour admirer les étendues bleutés. Elles étaient tellement tentantes que je finis par me construire un bateau. Oh il me fallut quelques lunes pour arriver à un résultat correct mais j’étais fier de mon embarcation. Je partie donc à l’aventure sur les mers de Dol Baran. En premier lieu seul, parce que j’avais besoin de me retrouver, de faire mon deuil de mes frères et de tous ces guerriers qui avaient versés leurs sangs pour une liberté qu’ils n’avaient même pas gagnés. Oh le pays était calme mais je savais que ce n’était qu’un calme apparent, qu’un jour tout ça changerait mais dans combien de temps, je n’en avais aucune idée …

Et puis il y eu la Prophétie de Belegad … Si beaucoup de gens prenaient Belegad pour un fou, moi il n’en était rien … Et je me doutais que mes autres frères penseraient la même chose. Nous connaissions bien Belegad et c’est donc sur nos gardes que nous continuions à vivre. Les lunes passèrent et les humains oublièrent rapidement la prophétie mais pas moi. Je ne sais pas ce qu’il en est des autres Daranéïs mais même si je passe beaucoup de temps en mer, je profite de mes passages à terre pour en savoir un maximum. Je ne me lie pas d’amitié avec les gens mais j’ai une présence suffisamment intéressante pour que les gens aiment se confier à moi. C’est ainsi que je me tiens au courant, c’est aussi ainsi que je suis devenu connu …

Il faut croire que la solitude ne me réussit pas … J’étais devenu autoritaire et borné. Je ne supportais pas qu’on me contredise surtout quand j’étais dans le juste. En tant que marin, j’étais souvent vu comme un être sous-évolué, mais pour cet humain et pour tous les gens qui se trouvaient sur le marché ce jour-là, la démonstration de mon pouvoir leur prouva le contraire … La colère ne fait pas bon ménage avec la fatigue … et la chariote de ce marchand en fit les frais en prenant l’aspect, et pas seulement l’aspect, de pierre grises et froides. Imaginez donc la tête de cet homme quand je posai la main sur ses citrouilles et qu’une par une, elles devinrent des pierres, bientôt suivis par la charrette qui les transportait. Heureusement que sous la surprise, l’homme s’était éloigné parce qu’il aurait surement subit le même sort, même si habituellement ça me répugnait de tuer ainsi des êtres vivants.

Depuis ce jour-là, j’ai au moins gagné le respect de ce village … Ou du moins ils me montrent du respect par peur … Je sais qu’ils me surnomment « La Méduse », mais je m’en fiche. Pour moi ce n’est qu’un détail. Par contre ça m’a aidé à comprendre que la solitude n’était pas une solution … Faisant construire un bateau plus grand, je l’appelai « La Méduse » comme un clin d’œil à ces personnes qui avaient su me faire prendre conscience de ce que j’étais en train de devenir. J’avais prévu de m’embarquer à nouveau pour quelques voyages en direction de l’île de Zeddia mais cette fois je ne partirais pas seul … Six hommes complétaient mon équipage, des marins chevronnés et endurcis qui n’avaient pas peur de mes coups d’éclats ou de mes silences, ou du moins qui me respectaient assez pour savoir qu’un moindre problème je les passerais par-dessus bords sans hésiter.

Avoir un équipage a du bon … Je ne suis pas obligé de rester tout le temps à la barre et on peut naviguer plus longtemps sans faire d’escale. C’est d’ailleurs depuis ma cabine en pleine mer que j’écris ce journal. J’ai décidé de mettre mes pensées par écrit parce que huit mille cinq cent lunes d’existence, ça commence à faire pour ma mémoire ….

Je sais que je n’ai pas parlé avec précision de mon passé mais déjà que le farfouiller ainsi a été assez dur alors en dire plus … Ce n’est pas pour aujourd’hui. Mais ne vous inquiétez pas, un jour vous me connaitrez aussi bien que je me connais. Oui, un jour …