Yléanor Elènthil

Créée pour le JDR Alkara

Si les guerres sont de l'histoire ancienne, le calme n'est qu'une apparence qui se désagrège par endroit. L'union des races est importante pour survivre à un futur incertain ...


Courant à travers les rues de Glorianne, mon épée contre ma hanche tapant en rythme avec la pluie qui tombait, je m’avançais vers la demeure familiale. Poussant la porte rapidement, je manquais de me casser la figure en glissant sur le sol mouillé. Me rattrapant à la poignée de la porte, je lançais un œil vers la salle et croisa le regard de mon père.

 

Tu es en retard !

Désolée père, j’avais quelqu’un à voir …

Encore cet humain ! Quand vas-tu comprendre que tu vaux mieux que ça !

Peut-être quand tu arrêteras de me reprocher mes relations. Sven est juste un ami contrairement à ce que tu semble croire. On ne fait que s’entrainer ensemble.

 

Détachant ma ceinture tout en m’expliquant avec mon père, je posais l’épée sur la table avant de retirer mes chaussures pour ne pas mouiller partout. Allant chercher une serviette, je me posais devant un miroir et me sécha les cheveux en observant mon reflet. Jeune Sylvas, d’environ un mètre soixante seize, venant d’entrer dans ma seizième année, j’avais des cheveux d’un noir de jais qui encadraient délicatement un visage plutôt fin où se trouvent des yeux couleur noisette et des lèvres douces ainsi que deux oreilles pointues qui se montraient timidement sous mes cheveux.

 

Reposant ma serviette, je me retournai vers mon père et l’observa en silence. Ses cheveux grisonnant laissaient entrevoir l’âge qu’il commençait à encaisser. La canne appuyée contre sa jambe me rappelait que je devais désormais agir plus en adulte que je l’avais fait jusqu’à présent. Du plus loin que je me souvienne, j’avais toujours vécue seulement avec mon père sans rien savoir de ma mère. Etait-elle morte ? Avait-elle disparue ? Je n’en avais aucune idée et mon père refusait d’en parler, changeant de sujet dès que j’essayais d’orienter la conversation dessus.

 

Me rapprochant du buffet, je sortis mon nécessaire à aiguiser et m’installa à la table pour m’occuper de mon épée. Cadeau pour mon seizième anniversaire, je l’aimais plus que tout. Pour moi, elle signifiait beaucoup puisque ça me permettait de me sentir comme étant une véritable chevalière. J’avais six ans quand mon père m’avait mis ma première épée en bois entre les mains. Estimant que je devais savoir me défendre, il avait passé son temps libre à m’entrainer et faire de moi quasiment une de ses élèves de l’académie militaire.

 

Yléanor, approche-toi …

 

Levant les yeux de mon travail, je fus surprise de l’entendre m’interpeler d’une voix aussi douce. Fronçant les sourcils, je me levai et contourna la table avant de m’asseoir sur le fauteuil qui lui faisait face, à la fois inquiète et curieuse de savoir ce qu’il désirait.

 

J’aimerais que tu quitte la ville. Avant que tu ne décide quoi faire de ta vie, il serait bien que tu visite le monde …

Mais … Je ne vais pas te laisser seul !

Ne t’inquiète pas, même si j’ai cette canne, je suis encore capable de me débrouiller.

Pourquoi veux-tu que je parte ?

Pour finir ton éducation. J’ai fait ce que je pouvais mais le reste, c’est à toi de le découvrir.

 

Hochant doucement la tête, je gardais le silence en réfléchissant à ses dires. Je ne m’attendais pas à ça et pourtant … Quand il m’avait offert l’épée, il avait laissé entendre quelque chose que je n’avais pas immédiatement relevé mais qui maintenant me revenait en mémoire. Il avait tout prévu depuis un moment et je n’avais rien vu venir …

 

Quand dois-je partir ?

Demain.

 

J’aurais voulu lui demander pourquoi si rapidement mais je préférai me taire et me contenta de hocher la tête avant de me lever pour aller ranger mes affaires. Si je devais partir si vite, j’avais des choses à faire. Rattachant ma ceinture à ma taille, je me dirigeai vers la porte d’entrée.

 

Où vas-tu ? Il va faire nuit !

Je dois dire au revoir à certaines personnes

Mouais …

 

Passant le seuil de la porte, je repartis en courant, mes larmes étant cachées par la pluie ruisselant sur mes joues. Je comprenais ce que voulait mon père, mais j’aurais préféré avoir le choix de la date de départ et surtout être prévenue plus tôt …