Norito Kazehiro

Créé pour le forum Lindorm

Quand l'union avec un dragon permet de devenir plus fort et d'ainsi pouvoir dominer les forces adverses, une académie devient nécessaire pour gérer ça ...


Il est des histoires qui se doivent d’être conter … Il est des histoires qui ont leur importance … La mienne pourrait être des plus banales mais je suis né dans une famille où chaque membre à son importance, où chaque être à une destinée dès qu’il voit le jour.

Mon père s’appelle Jin-Mori Jung. Il est chef de la garde impériale mais à part ça, je ne pourrais guère vous donner de renseignement sur lui. Oui c’est mon père mais dès que je naquis, je fus destiné à suivre les traces de ma mère et donc je n’avais plus vraiment d’importance aux yeux de mon paternel.

Ma mère se nomme Yukina Kazehiro, héritière de la lignée, prêtresse de Haut-Rang, elle se devait d’avoir une descendance digne de prendre sa relève et c’est donc ainsi que mon avenir fut scellé alors que je n’étais encore qu’un fœtus. Malheureusement j’héritai d’une santé fragile et on me regardait souvent d’un air inquiet quand je ne pouvais passer des heures debout à écouter les discours de ma mère ou à suivre les enseignements de mes maitres.

La naissance de Mi-Cha, alors que je n’avais que six ans, ne fit qu’appuyer les dires de nombreuses personnes qui soupçonnaient mon existence d’être beaucoup trop courte pour valoir la peine d’être pris en compte. J’aurais pu prendre mon petit frère en grippe mais ce dernier n’y était pour rien … Aussi je jouai mon rôle de grand-frère tout en me forçant pour devenir plus fort. C’est d’ailleurs à cette période que Soumeï, un dragon assez vieux, ami de la famille depuis de nombreuses décennies, s’intéressa à moi. Qu’avait-il vu dans mon combat silencieux pour devenir celui qu’on voulait que je sois ? Peut-être ma véritable nature et le fait que je n’étais pas si fragile que ça …

Mon enfance ne fut pas forcément très dorée. J’étais destiné à un grand avenir et pour ça, il me fallait être instruit, être sage, être un adepte des mots et bientôt, avec la pression de ma mère et le soutien de Soumeï, je m’améliorai. Oh ce n’était pas visible sur le plan physique, j’étais toujours aussi faible, ce qui effrayait parfois mes parents mais pas moi, ni Soumeï. Nous étions confiant, nous savions ce que nous faisions. Parce qu’une complicité s’était installée entre nous sans que personne ne la voit venir.

La veille de mon quinzième anniversaire, Soumei me lança une de ses fameuses énigmes et comme à mon habitude, je souriais doucement avant de me pencher dessus et de rester le souffle court. Mon frère, présent dans la salle, avait cru que j’avais un souci et il s’était empressé d’appeler nos parents avant de s’approcher avec un air inquiet. Il me fallut quelques minutes avant que je me reprenne et que je n’éclate de rire puis que je me relève pour faire face à ma famille et leur annonce la nouvelle. Soumei voulait que nous passions l’alliance afin de faire de nous de véritables alliés.

C’était une grosse surprise, surtout que le dragon était quand même présent dans la famille depuis plus de sept cent ans et qu’il n’avait jamais prêté plus attention que ça à l’un des membres de la famille. Qu’il fasse de moi son dragonnier était un honneur et le reste de ma famille le compris même si elle appréhendait de part ma nature fragile.

Je passai l’année suivante à m’entrainer tous les jours au côté du dragon, travaillant autant sur les choses que j’adorais comme les sciences occultes, que sur mon physique des plus mauvais. Ce n’était pas un luxe et après une année, bien que je sache gérer mon énergie, j’étais loin d’être aussi doué que les trois quarts des jeunes qui passaient l’alliance. On essaya de nous dissuader, de nous faire changer d’avis en disant qu’être simplement des amis étaient déjà pas mal mais Soumeï et moi avions un but commun à poursuivre et ça devait passer par cette épreuve et à ces quelques années à Lindorm.

Narthan … Plus précisément le désert de Firthan … C’est là que nous nous étions retrouver pour cette fameuse épreuve … Sept jours … nous devions tenir sept jours en nous débrouillant seul … Mon épée accrochée à ma taille, nous avions marché pendant plusieurs jours avant de rencontrer les premières créatures. J’avais assez étudié pour savoir qu’il y avait peu d’animaux qui osaient s’aventurer dans le désert, préférant rester aux abords des villes ou des villages mais surtout des paysages plus adaptés à leur besoin. Notre difficulté première avait donc été la chaleur …

Devoir parcourir toute cette étendue brulée sous un soleil de plomb nous avait beaucoup affaiblis et quand ces trois Véracéros nous chargèrent, nous n’étions pas sûrs d’être en mesure de nous en sortir. Attrapant ma lame, je me préparais au combat. J’étais si faible que je devais tenir mon arme à deux mains sous peine de la voir choir au sol. Soumei était un peu plus vaillant que moi mais il m’avait tellement soutenu que son temps de réaction était beaucoup plus élevé. Il évita le premier animal avant d’envoyer rouler le deuxième plus loin.

De mon côté, je tranchai l’air d’un coup d’épée qui ne porta pas son coup et manqua même de m’envoyer au sol. Je serrais les dents, repensant à quelques préceptes Wuweishu. Fermant les yeux l’espace d’un instant, Soumei eut peur pour moi en voyant la bestiole qui fonçait à nouveau dans ma direction mais juste au moment où il allait me rentrer dedans, je brandis mon arme et lui trancha le poitrail avant de le regarder s’effondre. Un léger sourire passa sur mon visage avant qu’un hurlement de douleur me fasse me retourner.

Le dernier Véracéros avait profité de l’inattention de Soumei pour lui percer les flancs de ses cornes. Poussant un cri de rage alors que le dragon s’effondrait, je fonçai sur l’animal qui m’entailla la jambe en se retournant. Sans même le remarquer, j’exécutai le même geste qu’avec le précédent et le regarda rouler au sol avant de lâcher mon épée et de foncer vers mon allié. Ce dernier gisait inconscient et sur le moment j’eus peur mais il s’adressa à moi alors que je m’effondrais contre lui, réalisant enfin que moi-même j’étais blessé. Nous étions au début du cinquième jour et par ce combat, par cette victoire, par notre sang versé, nous venions de gagner notre place pour Lindorm.

Après quelques jours à se reposer, nous étions enfin admis à l’académie et nous commencions notre formation. J’avais du mal à me remettre physiquement de ce séjour sous le soleil de plomb de ce désert. Moi qui n’avais que peu passé de temps en extérieur, j’avais eu mon compte pour un bon moment ! Je me concentrai donc sur tout ce qui était cours théoriques, ignorant les regards des autres du fait de mes manières particulières de faire certaines choses. Les traditions étaient différentes, les religions étaient différentes mais avides de connaissances, je savais me plier au besoin du moment. Même si j’étais, et que je suis toujours, un pur descendant Kazehiro savoir se mêler aux autres étaient l’un de mes points forts.

Les années passèrent … Mes connaissances grandirent et ma sagesse aussi. On me traitait de sage, on disait de moi que j’étais bizarre mais j’étais moi. Enfin, le moi que je me devais de montrer, le moi qui avais son avenir tout tracé depuis de nombreuses années. J’étais différent ? Et alors ? Chaque être est différent, ne pouvaient-ils pas comprendre ça ? La seule personne qui semblait me comprendre dans ces moments c’était Soumei, aussi je passai encore plus de temps avec lui, mais sans trop isolé, il fallait quand même que j’apprenne le contact avec les autres pour la suite de mon existence.

Je venais d’entrer en cinquième année quand l’œuf de Soumei, gardé par ma famille depuis déjà de nombreuses années, donna naissance à un dragonneau. Personne ne s’y attendait et encore moins que cet œuf choisisse mon cadet … J’étais fier de mon frère, même si je ne le montrais pas. Il avait toujours été destiné à suivre mes traces et encore là, il faisait de même. Loin de la maison, je ne pouvais savoir si c’était une bonne nouvelle ou pas pour Mi-Cha et il ne m’en dit rien dans ses lettres, se contentant de me dire sagement les avancés du dragonneau afin que je les relate à Soumei.

« L’Eau éteint le Feu. Le Feu consume l’Air. L’Air souffle la Terre. La Terre absorbe l’Eau. Le Feu et l’Eau font naître la Terre et l’Air … » Nous sommes un tout. Nous avons besoin des uns et des autres pour vivre en harmonie … Les dons sont une partie de nous qui ressort pour justement que nous puissions nous entraide, c’est à nous ensuite de savoir en faire bonne utilité … Le mien est une bénédiction, le souffle de la vie est un besoin vital que nous avons tous, humains, dragons et tout êtres vivants autour de nous. Il faut que j’en fasse bon usage … Mais où se situe la frontière entre le bien et le mal … Elle est si fragile, elle est si fine que nous pouvons la franchir sans même nous en rendre compte …

La haine ... La rage ... La colère ... La destruction … Voilà ce que je retiens de cette année obligatoire … En guerre contre les Wyrms, en guerre contre d’autres humains, d’autres dragons … Mais pourquoi ? La nature humaine est si dure à comprendre … Se battre, blesser les autres voir même les tuer parce qu’ils pensent différemment … Pourquoi … J’étais perdu … Et même alors que je tentais de maintenir en vie quelques blessés le temps que les autres soigneurs s’occupent de leurs maux plus graves, je savais que tout n’était qu’illusion … Les guérir mais pour quoi ? Pour qu’ils retournent se battre et reviennent de nouveau blesser voir même mourant ? Il était si dur de tenir dans une telle épreuve que même la présence de Soumeï ne m’empêcha pas d’être déçu …

Retour à Wuweishu … Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Comment continuer après toutes ces blessures au corps et à l’âme … La vie est cruelle, la vie est dure, la vie est … incomprise. Je regardais mon frère et je ne voyais qu’un jeune garçon obligé de suivre une voie qu’on avait tracé pour lui tout comme moi … Sauf que j’étais toujours là et que son statut de remplaçant était donc annulé. Il devait vivre pour lui, vivre pour devenir quelqu’un et peut-être comprendre un peu mieux ce monde que même moi, j’avais du mal à juger. Je le félicitai à son retour d’épreuve, il était fort, surement plus fort que moi, même s’il ne le savait pas mais ça je l’aiderais à le comprendre, même à distance. C’était mon frère, c’était une partie de moi, c’était une partie de nous. Soumei de son côté était tiraillé par des sentiments nouveaux qui l’envahissaient à chaque fois qu’il posait les yeux sur Akairo. Je le sentais et je le voyais bien.

Etant à la recherche de réponse, je fis ce qu’on attendait de moi et je commençai ma formation pour devenir Yunnan. Est-ce que le monde spirituel saurait me donner les réponses que je voulais ? Peut-être … peut-être pas … Mais je ne le saurais qu’en me surpassant, en allant au bout de mes limites. M’élever au dessus de tout serait mon but premier, le suivant étant bien évidement de comprendre et le dernier d’aider le monde à devenir un tout, parce que c’était ça que les gens oubliaient mais pour le moment je n’étais rien pour leur faire comprendre. Peut-être qu’un jour, je le pourrais … Oui un jour.

J’ai commencé mon voyage initiatique. Par delà les montagnes et les lacs, je voyage en compagnie de Soumeï. Attentif à ce qui m’entoure, en osmose avec le moindre souffle de vent, je cherche ma voie, je cherche à être celui dont ma famille a tant rêvé. Est-ce que j’en suis capable ? Si je les écoute, je dirais que oui mais cet univers et beaucoup plus complexe qu’avant et je sens qu’encore de nombreuses épreuves m’attendent.

J’ai revu Mi-Cha … Mon cœur était faible de voir mon cadet ainsi rabaissé. Il avait un grand avenir et maintenant tout le monde le regarde d’un air inquiet. Je me sens un peu fautif de son état. Voilà un moment que je le pousse à être lui-même et à penser pour lui et non pour la famille et savoir qu’il a été blessé dans cette bataille me fait mal. J’aurais voulu être avec lui voir même à sa place mais je n’avais pas l’âme d’un combattant même si pour mon frère, je sens que j’aurais été prêt à tout.

Enfin … le mal est fait et désormais il faut vivre avec … J’ai soigné sa blessure avant de repartir sur les routes. J’ai prétexté mon voyage mais ce n’était pas la véritable raison et même si Soumeï me pousse à être plus franc, je n’arrive pas encore à exprimer ce qui se passe en moi. Peut-être que d’ici la fin de mon voyage, j’aurais trouvé la solution à mon problème …